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Décès de Jean-Michel Levy

Notre collègue et ami Jean-Michel Lévy s’est éteint le 25 juillet dernier.
Jean-Michel était arrivé en 1975 au laboratoire, comme attaché de recherches, après une solide formation en physique théorique et en physique statistique. Cette formation originale en a fait d’emblée un personnage singulier au sein du laboratoire : celui qu’on venait consulter sur les questions épineuses ou simplement inhabituelles. Sa grande culture scientifique, sa curiosité et sa disponibilité ont convaincu des générations de collègues, jeunes ou moins jeunes de venir le solliciter et de bénéficier de ses conseils rigoureux mais toujours bienveillants.
Son travail de recherche personnel s’est surtout épanoui dans la physique des neutrinos, arrivée au laboratoire dans les bagages de François Vannucci, en 1981. Il a en particulier soutenu en 1986 sa thèse d’Etat sur la production et la désintégration de neutrinos massifs dans l’expérience PS191 réalisée au PS du CERN avec des éléments du détecteur du temps de vie du proton de Modane. Il a rigoureusement calculé tous les graphes qui participent à ces processus et en a tiré des limites qui sont restées les meilleures pendant des décennies.
Il a ensuite contribué de façon majeure à la conception de ce qui allait devenir l’expérience NOMAD au CERN, recherchant les oscillations numu -> nutau dans une fenêtre de masse qui faisait des neutrinos les candidats naturels pour la masse manquante de l’Univers. Pour la détection statistique des interactions de nutau, il a d’abord écarté l’option de gros détecteurs du type TPC à argon liquide, en calculant leur résolution en paramètre d’impact en tenant compte de la diffusion multiple. Il a ensuite été central dans la définition de la coupure cinématique basée sur l’orientation des impulsions transverses dans l’expérience NOMAD, conçue comme une « chambre à bulles electronique ». Cela a été la clé de cette expérience. Si la découverte des oscillations n’a pas été au rendez-vous, NOMAD a permis, par la qualité de ses données, une quantité de résultats plus classiques de physique des neutrinos, résultats qui doivent beaucoup à la rigueur de Jean-Michel : par exemple, l’article majeur sur les interactions quasi-élastiques, mené par le groupe de Dubna et le plus cité des publications de NOMAD. Au-delà de NOMAD, sa curiosité a amené Jean-Michel à accompagner le groupe de cosmologie qui explorait la possibilité de maîtriser la photométrie des supernovae pour confirmer l’observation toute récente de l’expansion accélérée de l’Univers. Dans cette période bouillonante où étaient discutées autant les questions fondamentales de l’estimation que les questions instrumentales, sur la corrélation des pixels des CCD par exemple, Jean-Michel a apporté son expertise précieuse. Puis lorsque le projet T2K au Japon a vu le jour il est revenu aux neutrinos en approfondissant en particulier les propriétés d’un faisceau « hors axe », essentiel pour ce type d’expérience. Et en polyglotte confirmé, il n’a pas manqué d’explorer la langue et la culture du Japon, profondément comme tout ce qu’il faisait.

Jean-Michel était un être fin à tous points de vue : il comprenait la physique en profondeur, savait transmettre dans la simplicité et maniait l’humour élégament. Sa communication avec ses collègues a toujours été d’une grande humanité et d’un grand respect. De nombreux thésards, du laboratoire ou non, lui doivent des éclaircissements voire des explications détaillées qui se sont révélées essentielles pour leur thèse. Au-delà de la sphère professionnelle, Jean-Michel a été pour certains d’entre nous un ami cher, d’une très grande gentillesse et d’une très grande culture, avec qui il était toujours profitable de discuter littérature, cinéma, musique, histoire ...

C’est une grande peine pour tous ses collègues de le voir disparaître.

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